Hayari en visite au Crillon, emblème luxe parisien, mis aux enchères 13 avril 2013
Le Crillon a pris des allures de musée. Derrière la majestueuse façade du prestigieux hôtel parisien, plus aucun client fortuné mais des milliers d’objets et meubles exposés. L’hôtel centenaire a fermé pour des travaux de rénovation qui doivent durer deux ans et demi. Il en profite pour organiser une vente aux enchères de son luxueux intérieur.
Avant la mise aux enchères, entre le 18 et le 22 avril, les 3 500 lots font l’objet d’une exposition, du 12 au 16 avril. Le Crillon se sépare de ses canapés, guéridons, commodes, coiffeuses de styles Louis XV ou Louis XVI, mais aussi des uniformes de ses grooms et voituriers, de sa vaisselle en porcelaine raffinée et de son argenterie, ainsi que de 2 000 bouteilles ou encore de serviettes portant son emblème, un grand C couronné. La majorité des pièces sont estimées entre 200 et 3 000 euros, a expliqué à France 2 François Tajan, l’un des deux commissaires-priseurs de cette vente orchestrée par Arcurial.
L’hôtel de Crillon, à Paris, est un des plus anciens et des plus luxueux hôtels au monde. Il est situé au pied des Champs-Élysées au no 10 au nord de la place de la Concorde. (Wikipedia)
Le Crillon est propriété depuis 2010 de la famille royale saoudienne.
Histoire
En 1758, le roi de France, Louis XV commande à son architecte Jacques-Ange Gabriel, la réalisation sur la « place Louis XV » de deux façades identiques de part et d’autre de la rue Royale : la façade orientale qui fut occupée par l’Hôtel de la marine, tandis que le premier Hôtel de la Monnaie devait prendre possession de la façade occidentale. Mais cet emplacement fut en définitive jugé trop éloigné du quartier des affaires, et un arrêt du Conseil décida que le nouvel édifice s’éleverait à son emplacement actuel sur le Quai de Conti. Le terrain situé derrière la colonnade occidentale fut alors divisé en quatre lots qui furent cédés à des particuliers, à charge pour eux d’élever des hôtels particuliers derrière la façade de Gabriel :
- L’hôtel de Coislin (no 4), le plus proche de la rue Royale, ne conserve du décor original que des boiseries en chêne ornées de guirlandes et de fleurs dans les salons de l’étage ;
- L’hôtel de Plessis-Bellière (no 6), appelé aussi hôtel Pastoret, construit par l’architecte Pierre-Louis Moreau-Desproux pour un de ses amis, Rouillé de l’Estang (écuyer, secrétaire du roi et trésorier-général des deniers de la police). Elle fut la demeure du neveu de ce dernier, l’avocat, homme de lettres et homme politique Emmanuel de Pastoret ;
- L’hôtel Cartier (no 8), appelé aussi hôtel Moreau, également œuvre de Moreau-Desproux qui se le fit bâtir pour lui-même ;
- L’hôtel d’Aumont (no 10), à l’angle de la rue Boissy d’Anglas, occupé de nos jours par l’hôtel de Crillon, a été construit par l’architecte Louis-François Trouard, le décor intérieur étant réalisé par Pierre-Adrien Pâris. Il devient l’écrin de sculptures délicates, de boiseries ciselées, et de tapisseries monumentales. C’est là notamment que la reine Marie-Antoinette prenait ses leçons de piano.
Rebaptisée « place de la Révolution » après le 10 août 1792, l’ancienne place Louis-XV prendra sa dénomination actuelle sous le Directoire en 1795.
En 1788, l’hôtel d’Aumont est acquis par François Félix de Crillon, qui lui donnera son nom. Confisqué par le gouvernement pendant la Révolution française, il est finalement rendu à la famille de Crillon qui l’occupera jusqu’en 1907. En 1900, la façade de l’hôtel Crillon est classé monument historique2.
Hôtel de prestige
En 1907, l’hôtel est racheté avec deux immeubles qui lui font suite dans la rue Boissy-d’Anglas, par la Société des grands magasins et des hôtels du Louvre (actuel Groupe du Louvre) qui décide de le transformer en palace. Le bâtiment subit alors une longue rénovation qui durera deux ans sous la conduite de l’architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur. Celui-ci laisse intact l’escalier d’honneur, édifie les façades sur cour dans le style de Gabriel, mais fait démonter la plupart des décors intérieurs d’origine. Ainsi, dans le salon des Aigles du premier étage, modèle de salle à l’antique conçue par Pâris, il ne laisse en place que la sculpture du plafond mais fait copier les boiseries, les six portes monumentales et leurs encadrements et la glace, œuvre de l’ébéniste Bellangé, tandis que les originaux sont réinstallés dans l’hôtel de La Tour d’Auvergne (actuelle ambassade du Chili), avenue de La Motte-Picquet. D’autres boiseries se trouvent au Metropolitan Museum of Art de New York et à la villa Île-de-France, édifiée à Saint-Jean-Cap-Ferrat pour Béatrice Ephrussi de Rothschild.
À son inauguration le 11 mars 1909, l’hôtel de Crillon est le premier grand « hôtel de prestige » parisien doté d’une situation exceptionnelle, d’un confort luxueux et d’une renommée qui attira au fil des ans la préférence des têtes couronnées et des chefs d’États. C’est au Crillon que fut élaboré, du 3 février au 11 avril 1919, par le président américain Woodrow Wilson et les délégués alliés, le pacte constitutif de la Société des Nations (une plaque commémorative y a été apposée).
En 1964, 2 salons à l’étage sont classés monuments historiques.
En 1973, les hôtels de prestige comme Le Crillon, Le Lutetia, Le Louvre à Paris ou le Martinez à Cannes sont réunis au sein de la filiale Concorde Hotels & Resorts du Groupe Taittinger (une des filiales hôtelières du Groupe du Louvre détenue majoritairement par la famille Taittinger).
Le groupe Taittinger et la Société du Louvre ont été vendus en 2005 par la famille Taittinger au groupe américain Starwood Capital Group. L’hôtel de Crillon fait partie des sept palaces parisiens, et est répertorié dans de nombreux guides comme l’un des plus prestigieux hôtels au monde.
En novembre 2010, Le Crillon fut cédé pour 250 millions d’euros par Starwood à un membre de la famille royale saoudienne.
À la suite de l’augmentation de la concurrence dans la capitale depuis quelques années, une fermeture complète pour deux ans des travaux est prévue à partir du 31 mars 20133.
L’hôtel compte 103 chambres et 44 suites. Les suites les plus connues se situent au cinquième étage de l’hôtel : la suite Bernstein et la suite Louis XV donnant sur la place de la Concorde. Ces deux suites associées à la chambre 552 forment la Grande Bernstein.
Les suites présidentielles du troisième étage peuvent toutes communiquer et possèdent également une vue sur la place.